Les EcoQuartiers, l’urbanisme du futur ?

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La période actuelle est au vert et au circulaire. Les initiatives fleurissent dans tous les domaines pour faire face à cette urgence climatique qui semble désormais bien ancrée dans les préoccupations d’une majorité de citoyens. En matière d’urbanisme, le concept d’EcoQuartier est né il y a une dizaine d’années, suite au grenelle de l’Environnement. Alors simple greenwashing ou vraie bonne idée pour préparer l’avenir ? The Mag’ fait le point après 10 années de réalisations. 

Crédit : Philippe Zoldan - EcoQuartier Urbanisme du futur The Mag magazine Lyon

Lancé en décembre 2012, le label EcoQuartier répond de manière opérationnelle à la loi de 2009 relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement initié par Jean-Louis Borloo. Cette nouvelle dynamique vise à favoriser l’émergence d’une « ville durable », c’est-à-dire une nouvelle façon de concevoir, de construire et de gérer la ville, en associant toutes les parties prenantes ; élus locaux, aménageurs, urbanistes, architectes, paysagistes, entreprises du bâtiment, citoyens du territoire, associations…

Dans notre région, les premiers à voir le jour se situent à Grenoble, avec la fameuse ZAC de Bonne, qui constitue l’une des premières initiatives en France, et à Lyon, avec le projet de renouvellement urbain du quartier de la Duchère. Aujourd’hui, le département du Rhône compte six EcoQuartiers et la Région Auvergne Rhône-Alpes plus d’une quarantaine, chacun à un stade d’avancement différent. En effet, de tels projets se construisent sur le long terme et quatre grandes étapes se succèdent pour la labellisation EcoQuartier : l’ÉcoQuartier en projet (1), l’ÉcoQuartier en chantier (2), l’ÉcoQuartier livré (3), et l’ÉcoQuartier confirmé (4). Au fil des années, les services de l’Etat évaluent ainsi les projets qui mettent souvent entre 10 et 15 ans pour se réaliser. Cette évaluation porte sur une liste de 20 engagements que doivent respecter les aménageurs ; des engagements liés à la démarche et au déroulement du processus même (gouvernance, association des parties prenantes…), au cadre de vie et aux usages (mixité sociale, artificialisation des sols, santé des habitants…), au développement territorial (mixité des usages, développement économique, déplacement, filières courtes…) et à l’environnement et au climat (sobriété énergétique, anticipation du changement climatique, biodiversité…).

The Mag’ a pu observer quelques innovations notables dans certains lieux pour vérifier la pertinence des avancées impulsées par cette démarche EcoQuartier.

En matière de construction tout d’abord, les promoteurs s’engagent sur de nouvelles pistes décarbonées et moins consommatrices d’énergie, réduisant ainsi l’empreinte carbone des constructions. L’EcoQuartier Monplaisir à Villefranche demande à chaque bâtiment d’intégrer au minimum 18kg de bois par m² dans la structure pour fixer du carbone. Ainsi que de disposer de panneaux photovoltaïques sur les toitures et d’être raccordé au réseau de chaleur urbain, pour avoir un bilan proche du 100% d’énergie renouvelable. L’EcoQuartier Flaubert à Grenoble va bientôt voir naitre un premier immeuble intégralement en terre crue (le pisé), favorisant le confort thermique et le recours à des matériaux naturels. Et les premiers bâtiments réalisés intégralement en structure bois issus de forêts locales sont en cours de réflexion dans beaucoup d’EcoQuartiers.

La dimension sociale et la qualité du vivre ensemble sont une composante majeure de la démarche.
Trévoux (01) ou Villefranche (69) voient naitre des projets « d’Habitat Partagé » : un collectif d’habitants se rassemblent pour construire leur propre immeuble dont certains usages seront mis en commun entre copropriétaires : salle de convivialité, chambres d’amis, lingerie, parc de vélos ou de voitures… En Rhône-Alpes, plus de 2 000 personnes attendent de s’investir dans de telles opérations partagées. L’EcoQuartier de la Duchère s’est distingué par la création du « Jardin d’Emile », un collectif d’habitants jardiniers qui exploitent un jardin pédagogique partagé au cœur des ilots, favorisant ainsi la présence du végétal dans l’urbain, le retour à la nature et le lien social entre voisins.

L’économique a aussi sa place
En effet, la démarche ne vise pas à créer des quartiers qui dorment, mais cherche à favoriser la mixité des usages. A Saint-Chamond par exemple, l’ancien site industriel Novacieries, devenu friche de 45 ha, a été entièrement transformé pour devenir un lieu de mixité avec du logement, des activités tertiaires (1 000 emplois), un pôle de formation (300 étudiants), un pôle de loisir, le tout agrémenté d’un parc paysager d’un kilomètre de long ; un bel exemple de démarche EcoQuartier intégrant les dimensions environnementales, sociales et économiques.

La diversité et le nombre de réalisations concrètes ces dernières années illustrent la pertinence de cette dynamique EcoQuartier ; sur la méthode, les EcoQuartiers ont révolutionné la gouvernance en impulsant un vrai travail de dialogue entre les acteurs et associant toutes les parties prenantes du territoire dans une vraie vision partagée ; sur les actions, les EcoQuartiers constituent désormais de véritables laboratoires d’innovations urbaines qui permettent d’expérimenter des nouvelles solutions, de les évaluer, et ensuite d’irriguer plus largement les territoires en diffusant les bonnes pratiques. Oui, grâce aux EcoQuartiers, l’urbanisme du futur est en route !

Les 6 EcoQuartiers dans le département du Rhône :

– La Duchère à Lyon – Etape 4

– Monplaisir-Quarantaine à Villefranche sur Saône – Etape 2

– La Motte à Meys – Etape 2

– Le Bourg à Echalas – Étape 1

– Cœur de Bourg à Millery – Etape 1

– Ouest gare à Belleville – Etape 1

Benoit Froment
Ecologue

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