Seconde-main, vintage, friperie, upcycling… parmi ces termes qui définissent une mode aux nouveaux contours, comment s’y retrouver ?
Tout d’abord, l’upcycling c’est tout simplement un terme anglais qui évoque le recyclage, ou plutôt le « surcyclage ». La démarche d’upcycling permet de donner une seconde vie aux vêtements, aux matières, dans un nouvel objet. A la différence du recyclage, la matière ou le produit que l’on souhaite recycler est pris tel quel, pour en faire un nouvel objet qui est alors revalorisé. A la croisée de préoccupations éthiques, écologiques et économiques, l’upcycling a tout pour plaire.
Une solution à l’obsolescence programmée et aux conséquences consuméristes
Il s’agit de réfléchir aux usages nouveaux que l’on pourrait trouver à ceux prévus initialement pour un objet. La démarche sert à améliorer la durée de vie des matières premières et produits, en partant du principe que : rien ne se perd, tout se transforme!
Un objectif très clair : éviter d’ajouter aux décharges et le gaspillage des ressources.
Les produits abimés, peu utilisés sont alors transformés : l’exemple de la fast-fashion l’illustre bien, il n’est pas rare que l’on achète de manière impulsive des vêtements d’une qualité moindre. Ainsi aujourd’hui, comme le cite le site Hydrao[1] “Nous achetons deux fois plus de vêtement qu’il y a 15 ans mais nous les portons moins et nous en débarrassons plus rapidement”.
Le domaine textile de la mode en est la preuve :
- Un Français achète en moyenne 9kg de vêtements par an
- 4 millions de tonnes de textiles sont jetées chaque année en Europe
- Peu des vêtements de la fast-fashion sont fabriques en matières issues du recyclage
- L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes : substances chimiques toxiques (teintures, etc.) et rejets de micro plastiques, très forte consommation en eau, transport …
- C’est également dans ce domaine que l’on retrouve le plus d’exploitation humaine, avec des ouvriers travaillant dans des conditions sociales déplorables et une forte précarité.
En moyenne, les vêtements sont portés 7 à 10 fois. Au-delà de ces quelques fois, ils ne sont pas nécessairement en mauvais état et peuvent donc tout à fait avoir un deuxième usage, sans passer pour autant par le recyclage. En effet, la destruction de déchets et la filière de recyclage ne sont pas non plus les solutions les moins polluantes, et tous les produits ne peuvent pas être revalorisés par ces moyens.
L’upcycling est donc en plein cœur des préoccupations des Français, préoccupations renforcées par la crise sanitaire récente : acheter local et consommer mieux, limiter les effets néfastes de la consommation sur l’environnement, consommer moins mais utile… Néanmoins la crise a également accentué les achats sur internet et la volonté de consommer de manière spontanée, il est donc nécessaire de penser au second cycle de vie des objets.
Une démarche qui permet la créativité et l’artisanat de qualité
De nombreux créateurs ont saisi l’opportunité de donner une seconde vie aux objets et produits pour développer leur créativité à travers le surcyclage : artisan ou marque rivalisent d’innovation pour créer des produits uniques à partir de produits en série délaissés. Il existe un usage pour tout type de matière, et les nouvelles fonctionnalités de certains produits sont de tous types : de la réutilisation classique de palettes de bois pour faire du mobilier, aux ceintures réalisées à partir de pneumatiques ou encore à la création plus originale de bijoux à partir de matières plastiques récupérées dans les océans !
De nombreux artisans peuvent ainsi produire des produits uniques au monde et originaux, et bien sûr de qualité : dans “upcycling” il y a “up” ce qui sous-tend une valorisation par le haut, l’objet final créé ayant donc acquis une valeur ajoutée.
Une démarche solidaire qui promeut l’artisanat local
Cela est valable pour l’ameublement, la mode ou encore les bijoux. La production de nouveaux produits et objets à partir d’anciens est en plus écoresponsable : ceux qui les réalisent se préoccupent de leur empreinte environnementale et disposent de moyens simples et peu couteux de le faire.
Où et comment acheter des objets issus de cette économie circulaire ?
Auprès des artisans locaux, des recycleries ou encore de plus grandes marques. En effet, l’upcycling concerne tous les domaines, on retrouve ainsi dans la mode de luxe des matières qui ont retrouvé une seconde vie : les produits ainsi valorises ont gagné en valeur lors de ce processus de transformation !
LE POINT DE VUE DE NOLWENN BOUTEILLER, CREATRICE DE LA MARQUE DE VETEMENTS ATELIERLUYVON, SUR LE PRINCIPE DE L’UPCYCLING :
- Quel est votre concept ?
La démarche écoresponsable de la marque inclusive AtelierLuyvon repose sur les principes du zéro-déchet et de la revalorisation des matières de qualité par l’upcycling. C’est une production à la demande, sur-mesure et de manière artisanale sans surproduction.
Les créations proposées sont fabriquées grâce à des tissus français issus de stocks dormants de maison de haute couture pour certains modèles ou européens et certifiés OEKO-TEX au minima pour d’autres, des fils fabriqués en France des élastiques issus de fibres recyclées. Enfin, les créations sont au style intemporel et inclusives, proposées en tailles “standards” et/ou sur-mesure afin qu’il n’y ait pas de surproduction. Elles sont déclinables en coloris et/ou tissus et modifiables en mensurations afin de proposer des pièces uniques pour toutes.
- Pourquoi avez-vous cet engagement ?
Car je sais que la mode est le deuxième secteur le plus polluant sur notre planète.
Mon entreprise est une marque responsable et éthique qui veut réduire son impact sur l’environnement et qui respecte l’homme et notre belle planète, c’est pour cela que je m’oriente vers l’upcycling de qualité.
- Comment vous est venue cette sensibilité ?
J’ai été sensibilisée dès mon plus jeune âge au recyclage, au tri, au seconde-main, au compost, ce qui fait qu’aujourd’hui même dans mon quotidien je prône ces valeurs pour respecter l‘environnement.
- Quelle est votre démarche ?
AtelierLuyvon, dans sa démarche zéro déchet, propose grâce aux chutes de tissus de ses créations, des accessoires réutilisables pour le quotidien en cuisine (essuie tout, éponge, sac à vrac, bee wrap…) et en salle de bain (porte savon, carré exfoliant, gant de toilette…). Et comme ces accessoires sont utilisés chaque jour, l’idée c’est qu’ils soient beaux et qu’on ait envie de les utiliser. Alors je propose une personnalisation de chaque accessoire, avec une palette de tissus.
- Avez-vous des conseils pour nos lecteurs qui souhaiteraient démarrer dans cette démarche ?
Voici quelques idées pour franchir le cap : en utilisant un carré démaquillant réutilisable, on ne pollue plus avec les cotons ; en utilisant un bee wrap, on oublie le papier aluminium ; en utilisant des sacs à vrac, on dit non aux sacs plastiques, … il y a beaucoup à faire dans la démarche zéro déchet !