Troubles anxieux et microbiote :un lien invisible, des solutions naturelles

  • Post published:6 mai 2025
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L’anxiété est devenue l’un des troubles psychiques les plus fréquents de notre époque.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, près de 300 millions de personnes souffrent
de troubles anxieux dans le monde. En parallèle, la recherche scientifique met de plus en
plus en lumière le rôle du microbiote intestinal dans la régulation de notre santé
mentale.
Ce qu’on appelait autrefois la « flore intestinale » semble avoir un impact bien plus vaste
qu’on ne l’imaginait, notamment sur le cerveau et le système nerveux.

Microbiote intestinal et santé mentale

Le microbiote intestinal est constitué de plus de 100 000 milliards de micro-organismes,
dont des bactéries, virus, levures et champignons, vivant dans nos intestins.


Ce véritable écosystème joue un rôle essentiel dans la digestion, la protection
immunitaire, la synthèse de vitamines (comme la B12, la K ou certaines vitamines du
groupe B), mais aussi dans la communication avec le cerveau.


Ce dialogue bidirectionnel entre intestin et cerveau s’effectue via ce que l’on appelle l’axe
intestin-cerveau. Il fait intervenir le système nerveux entérique, le nerf vague, les
cytokines inflammatoires et les neurotransmetteurs produits en grande partie dans
l’intestin.

Le microbiote influence-t-il réellement notre humeur ?

Oui, de plus en plus d’études montrent que des déséquilibres du microbiote (appelés
dysbioses) sont associés à des troubles de l’humeur, notamment à l’anxiété et à la
dépression.
Une étude publiée dans Nature Microbiology en 2019 a mis en évidence que certaines
bactéries intestinales (comme Coprococcus et Dialister), sont associées au bien-être
mental, tandis qu’une absence de ces bactéries peut être corrélée à des symptômes
dépressifs.


Une autre étude parue dans Psychiatry Research en 2017 a constaté que les personnes
souffrant de troubles anxieux avaient un microbiote intestinal moins diversifié, avec
une prévalence accrue de certaines souches pathogènes.

Troubles anxieux : comprendre les symptômes pour mieux agir

Avant de parler des solutions, il est utile de rappeler ce que l’on appelle un trouble
anxieux.

Ce terme regroupe plusieurs formes : anxiété généralisée, phobies, attaques de panique,
troubles obsessionnels compulsifs (TOC), trouble de stress post-traumatique (TSPT)…
Ils se caractérisent par une peur excessive, une hypervigilance, des pensées
envahissantes, des troubles du sommeil, une fatigue chronique et des symptômes
physiques (palpitations, maux de ventre, tensions musculaires…).

Il est désormais clair que ces manifestations ne relèvent pas seulement d’un « problème
dans la tête », mais d’un déséquilibre global, souvent enraciné dans le système nerveux
autonome, le terrain digestif, l’inflammation chronique et les carences
nutritionnelles.

L’axe intestin-cerveau : un terrain d’intervention privilégié en naturopathie

La naturopathie, en tant que pratique traditionnelle occidentale de prévention et d’hygiène
de vie, considère depuis longtemps que l’intestin est au cœur de la santé globale.
L’approche naturopathique va donc naturellement inclure un travail sur le microbiote,
l’alimentation et l’équilibre psycho-émotionnel.
Voici les principaux leviers pour agir à la fois sur le microbiote et sur les troubles anxieux :

1. Rééquilibrer le microbiote intestinal
Nettoyer le terrain
Avant d’apporter des probiotiques ou compléments, il est souvent nécessaire de réduire
la prolifération des mauvaises bactéries. Cela peut passer par :
• Une réduction des sucres rapides, produits ultra-transformés et farines blanches.
• Une cure de plantes antimicrobiennes douces comme l’origan, le clou de girofle,
l’ail, le lapacho ou la berbérine (à utiliser avec accompagnement).
• Des monodiètes ou des jeûnes courts (24 à 48h) pour reposer le système digestif,
selon le profil de la personne.

Favoriser la diversité bacterienne
• Introduire des aliments fermentés (kéfir, kombucha, choucroute crue, miso,
tempeh).
• Consommer des fibres prébiotiques (inuline, pectine, FOS…) présentes dans l’ail,
l’oignon, les poireaux, les topinambours, les pommes…
• Ajouter des probiotiques naturels sous forme de compléments (choisir des
souches validées comme Lactobacillus rhamnosus GG, Bifidobacterium longum,
Lactobacillus helveticus).
Une étude de 2011 (Bravo et al.) a montré que Lactobacillus rhamnosus pouvait réduire
les niveaux de cortisol et améliorer les comportements liés à l’anxiété chez les souris via
le nerf vague.

2. Soutenir le système nerveux naturellement

Un microbiote équilibré peut améliorer la production de neurotransmetteurs comme la
sérotonine (dont environ 90 % est produite dans l’intestin) et le GABA, un
neurotransmetteur apaisant.
Pour renforcer cette production :
Magnésium (marine ou bisglycinate) : indispensable à la régulation nerveuse.
Plantes adaptogènes : comme la rhodiole, l’ashwagandha ou l’éleuthérocoque, qui
aident à mieux gérer le stress chronique.
Infusions calmantes : passiflore, mélisse, aubépine, tilleul.
Acides aminés (tryptophane, tyrosine) : présents dans la banane, les œufs, les
légumineuses, les noix.
Une revue de 2016 dans Nutrition Neuroscience a conclu que certains probiotiques
peuvent agir comme des « psychobiotiques », c’est-à-dire moduler positivement le stress et
les émotions via l’axe intestin-cerveau.

3. Agir sur l’inflammation de bas grade

Beaucoup de personnes anxieuses souffrent d’une inflammation chronique de bas
grade, souvent liée à une porosité intestinale et à un microbiote déséquilibré.
Cette inflammation entretient le stress oxydatif et affecte le cerveau.
Solutions naturopathiques :
Oméga-3 (EPA/DHA issus de poissons gras ou de micro-algues).
Curcuma, gingembre, romarin : anti-inflammatoires naturels.
Glutamine, zinc, quercétine : pour réparer la muqueuse intestinale.
Alimentation anti-inflammatoire : riche en végétaux colorés, oméga-3, pauvre en
sucres rapides.

4. Accompagner par la sophrologie et la réflexologie


En complément de l’approche nutritionnelle et micronutritionnelle, les techniques de
sophrologie et réflexologie plantaire permettent d’agir en douceur sur le système
nerveux autonome.
• La sophrologie permet de ramener le corps au calme en stimulant la respiration,
la conscience corporelle et le relâchement musculaire. Elle renforce la résilience
face au stress.
• La réflexologie agit sur le système digestif et le système nerveux via des pressions
ciblées. Elle stimule l’élimination des toxines et aide à relancer le « nerf vague »,
essentiel dans l’axe intestin-cerveau.

Vers une approche intégrative et personnalisée

Chaque personne étant unique, il est essentiel d’adopter une approche individualisée.
En consultation, je prends en compte :
• Le terrain naturopathique (digestif, nerveux, hormonal, etc.)
• L’histoire de vie, les stress anciens ou actuels
• L’alimentation, le sommeil, l’activité physique, le rythme de vie
• Les interactions possibles entre émotions, microbiote et troubles somatiques
Le but n’est pas de supprimer l’anxiété à tout prix, mais d’en comprendre les racines, et
de retrouver un équilibre durable par des méthodes naturelles, progressives et
respectueuses du corps.

Conclusion : cultiver la paix intérieure… dans nos intestins
Loin d’être isolés dans nos têtes, les troubles anxieux ont bien souvent des racines
corporelles profondes, et notamment digestives.
Le microbiote, cet allié invisible, influence notre bien-être mental bien plus qu’on ne le
pensait, mais il est possible de le nourrir, de le rééquilibrer et d’en prendre soin grâce à
une hygiène de vie naturelle et ciblée.
En naturopathie, nous travaillons main dans la main avec le corps, pas contre lui. En
écoutant les signaux de l’intestin, en renforçant le microbiote, en accompagnant le
système nerveux et en calmant l’inflammation, il est possible de retrouver une sérénité
durable, de l’intérieur vers l’extérieur.

Prenez soin de vous… et de votre flore !

Anne Sophie Dolhem, Naturopathe
https://www.annesophiedolhem.fr/

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