Depuis plusieurs années, nous parlons de plus en plus de la qualité de vie au travail, du bien-être au travail et même du bonheur au travail. Ou bien encore à l’inverse, nous lisons des sujets sur les risques psychosociaux (RPS), le stress au travail. Quels que soient les termes utilisés, l’objectif à atteindre est le même : mieux vivre son travail au quotidien. Aujourd’hui ce sujet est devenu une question légitime.
Avant de parler du bien-être au travail, je vais vous exposer mon point de vue sur les RPS. Je pense que les RPS sont des risques liés aux tensions entre le fonctionnement psychique face à des sujets, entre autres la créativité, la reconnaissance, l’aide et la solidarité et le fonctionnement social de l’entreprise par rapport à la standardisation, aux multiples accélérations, à la mise en compétition.
Au quotidien, les acteurs dans le travail font face à des injonctions paradoxales, à des situations contradictoires, à des ajustements psychiques et physiques pour tenter de faire du bon travail. Yves Clot (psychologue du travail) parle même de la qualité empêchée. A titre d’exemples, les salariés expriment : « je n’en peux plus, je suis débordé, on me fait faire n’importe quoi je n’y comprends plus rien ». Ces verbatim traduisent des conflits psychiques intériorisés entrainant une démotivation puis un désinvestissement voire un épuisement. Agir sur les RPS, c’est réfléchir sur la question du sens du travail et de s’interroger sur comment faire pour que chacun puisse réaliser un travail de qualité quel que soit le poste occupé.
De plus, nous n’avons pas tous le même engagement dans le travail. Chacun a de bonnes raisons à cela en fonction de son histoire personnelle. En règle générale, ceux et celles qui trouvent du plaisir et un équilibre entre la vie professionnelle et la vie extra professionnelle s’en sortent mieux.
Le mal être au travail est-il un risque ou une réalité?
De mon point de vue, c’est une réalité et il est accentué par la crise sanitaire qui demande à l’entreprise et à ses collaborateurs de changer leur manière de travailler, d’innover parfois au « pied levé » et dans un contexte particulier.
Ces dernières années, le travail a tellement évolué en profondeur avec : une concurrence de plus en plus est forte, une standardisation des pratiques, des marges de manœuvre réduites etc. Chacun se débrouille donc comme il peut mais avec des manquements ou des entorses aux règles qui entrainent une dégradation de l’activité et laisse un sentiment de faire un mauvais travail. Alors, les salariés développent des mécanismes de défenses psychiques pour y faire face. Ensuite, ils testent plein d’autres manières de travailler pour se préserver. Et si ces tests ne s’avèrent pas efficaces, les exigences émotionnelles s’accroissent et le repli sur soi peut s’installer. Lorsqu’on n’est pas bien dans son travail, les personnes disent ressentir des tensions au niveau du corps (boule au ventre, contractures, tendinites, gastralgies, colites etc.). Elles sont envahies par des moments de panique, de tristesse, de peur etc. Elles ressentent des tensions au niveau de leur mental : tout s’embrouille dans la tête ; la tête est pleine ou déborde ; on a la tête dans le guidon.
De plus, l’ambigüité est que parler de certaines situations de travail au travail c’est aussi parfois s’exposer par rapport à la hiérarchie et aux collègues. Avons-nous peur de la dispute ? Quelles en seront les conséquences ? Or, les collectifs fonctionnent lorsque les règles de métiers sont discutées et approuvées, quand les compétences sont reconnues, et enfin quand les échanges sont basés sur la confiance. Ces conditions enrichissent le travail collectif et renforcent les collectifs de travail.
Selon Philippe Davezies (enseignant-chercheur) « il n’a jamais été aussi nécessaire aujourd’hui de prendre du temps pour réfléchir et discuter sur ce qu’on a fait hier, sur ce qu’on est en train de faire aujourd’hui et sur quoi on fera demain ».
Ces trois temps sont le socle pour avancer individuellement et collectivement vers le bien-être au travail. Mais du coup comment définir le bien-être au travail ? Plusieurs définitions existent. Je ne citerais que celle de l’OMS qui l’explique comme « un état d’esprit dynamique, caractérisé par une harmonie satisfaisante entre les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, d’une part, et les contraintes et les possibilités du milieu de travail, d’autre part ». Cette définition montre donc bien qu’il y a une interaction entre l’individu et le milieu ».
Le bien-être au travail viendrait donc de soi?
En d’autres termes, le bien-être au travail pour l’individu, est de l’ordre des émotions, du ressenti, mais aussi fait référence à des valeurs que chacun porte en soi. Le bien-être peut être différent selon notre éducation, nos croyances, notre vécu, notre expérience, nos désirs.
En écoutant les personnes parler de leur travail, certaines parlent d’équité, d’égalité, de respect, d’ambiance bienveillante et conviviale. D’autres parlent d’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, un travail avec des missions variées, épanouissantes, et valorisantes.
Ou encore la question du sens et de la reconnaissance du travail bien fait, sont essentiels pour la plupart. Quelques-uns évoquent la rémunération mais cette notion n’est pas la première évoquée.
Grâce à nos émotions et à l’écoute de notre corps, il est possible d’aller vers un bien-être : laisser exprimer ses émotions, lâcher prise et parler avec son entourage et/ou avec un spécialiste.
Oser parler de ce que l’on ressent est une partie du chemin fait pour se sentir mieux. Et là encore chacun à sa solution mais avant de la trouver il faut se questionner, prendre du temps et de croire aux opportunités.
Ensuite, chacun trouvera sa voie. Notre meilleur ami est nous-même.
