Alors que la pandémie de Covid 19 a bouleversé nos habitudes de vie, de travail, et nous a donné l’occasion de réfléchir au sens que chacun d’entre nous souhaite donner à sa vie, les technologies digitales ont pris une plus grande place dans nos vies et ont permis aux travailleurs, salariés, indépendants et chefs d’entreprises de développer des solutions de travail à distance. Les applications et outils digitaux pour rester en contact, collaborer et travailler en équipe via les réseaux sociaux, que ce soit à titre personnel, professionnel ou au sein d’un intranet d’entreprise, permettent désormais de travailler avec des collègues à l’autre bout de la planète comme s’ils étaient dans un bureau voisin et de partager un même dossier en temps réel.
Cette nouvelle façon de travailler a fait apparaître le statut de « Digital Nomad », en français : « Nomade Numérique », pour décrire un professionnel qui n’a pas de lieu fixe pour travailler. Un voyageur qui change de lieu de travail en fonction des tâches qu’il aura à réaliser et qui, grâce au numérique et au Wifi, muni d’un PC portable, d’un smartphone ou d’une
tablette, peut exercer son métier depuis n’importe quel endroit de la planète tout en
découvrant le monde.
S’il est un domaine ou le statut de « Nomade Numérique » s’est très rapidement répandu, c’est bien sûr le tourisme : La meilleure position pour vendre une destination touristique n’est-elle pas d’aller, ou de venir, s’immerger dans la vie d’autochtones et de prendre le temps de la rencontre, de découvrir leurs vies, leurs us et coutumes, leur patrimoine local sans oublier leur gastronomie ? Le visiteur qui vit cette immersion, peut ensuite partager cette expérience de vie avec son réseau d’amis, de lecteurs, de « followers » et leur donne envie de vivre à leur tour l’expérience, la peur de l’inconnu en moins.
Le Nomade Numérique peut également travailler dans tous les secteurs périphériques : la gastronomie, les activités en relation avec la nature, le monde rural, la campagne, les producteurs locaux, l’artisanat et la culture locale, les modes de déplacement doux, les nouvelles formes d’habitat, écologiques, partagés, collectifs en gestion autonome, la communication au sein de réseaux locaux, les associations culturelles, patrimoniales… La liste n’est pas exhaustive et peut-être rédigée par chacun en fonction des compétences de chacun, de ses affinités, de son expertise métier, de ses réseaux de connaissances ainsi que des outils informatiques qu’il maîtrise.
Les nombreux métiers digitaux qui peuvent être exercés par le Nomade Numérique concernent : le Web Marketing, la création de contenu, l’image (photo, vidéo, graphisme), le son (musique, voix off des vidéos), l’assistance (en stratégie, en organisation et en commercialisation), les relations presse, la traduction, jusqu’à l’acte de vente. Parmi ces métiers, citons : Graphiste, Community Manager, Développeur Web, Rédacteur Web, Référenceur SEO (référencement naturel), Référenceur SEA (référencement payant) Responsable e-commerce, Webdesigner, Photographe, Formateur en ligne, Blogueur-Influenceur, traducteur, Vendeur …
Pour attirer ces nouveaux influenceurs, de nombreuses destinations, en France et à l’étranger, ainsi que des hébergeurs locaux ont imaginé des offres spéciales à destination des Nomades Numériques. Les Maldives leur ont ainsi proposé un programme de fidélité pour booster leur tourisme. Idem pour Madère, qui a lancé un village numérique ouvert à 100 travailleurs à distance souhaitant changer de décor sous réserve qu’ils s’engagent à rester au moins un mois. Durant leur séjour, les Nomades Numériques bénéficient d’un accès Internet et d’un espace de travail gratuit, de l’accès à une communauté digitale dédiée, et d’un calendrier d’événements programmés.
Les hébergeurs proposent également différentes formules : le Workation, contraction de Work et de Vacation, que l’on pourrait traduire par « Travacances », un cocktail de travail et de vacances. Cette forme de tourisme semble s’installer de manière pérenne parce qu’elle correspond aux envies des jeunes générations qui souhaitent délaisser une vie sédentaire et privilégier la découverte de nouveaux horizons tout en vendant leurs compétences et leur expertise.
Le Coliving : Voyager seul en restant en contact avec une communauté. Qui permet aux jeunes générations adeptes du voyage en solo, de faire de nouvelles rencontres et de partager leurs expériences. Cette tendance montante de coliving – ou vie en communauté – correspond à une forme temporaire de colocation dans laquelle de jeunes professionnels emménagent avec d’autres personnes, créant ainsi une communauté qui perdurera après la fin du temps de découverte collective.
Les propriétaires d’hôtels, de campings, de meublés, de bungalows ou de chambres d’hôtes ont ainsi une carte à jouer pour communiquer sur leur offre locale à moindres frais en accueillant ces nouveaux voyageurs à la recherche d’expériences authentiques. Les hébergeurs peuvent ainsi initier « les nomades numériques » à cette nouvelle tendance qu’est le Slow-tourisme, qui donne aux visiteurs et au visités le temps de se rencontrer et l’occasion de mieux se connaître. N’est-ce pas là l’essence même du Tourisme ?
Hervé Rocle
Contributeur Tourisme & Développement durable
